Nietzsche était un maître de l'aphorisme. La Nietzsche académie vous propose un concours d'aphorismes histoire de perpétuer l'esprit nietzschéen, par-delà le bien et le mal, inactuel, à l'intelligence surhumaine. L'aphorisme est à la philosophie ce que le surhomme est à l'humain, un éclair foudroyant dans un ciel d'obscurité. Faites parler la foudre !
(Poster les aphorismes dans la partie "Commentaires" de l'article sans oublier de mentionner votre courriel. Les plus brillants seront publiés sur la Nietzsche académie.)
Lecture par Michael Lonsdale d'un extrait du Prologue d'Ainsi parlait Zarathoustra :
"J’aime tous ceux qui sont comme de lourdes gouttes qui tombent une à une du sombre nuage suspendu sur les hommes : elles annoncent l’éclair qui vient, et disparaissent en visionnaires. Voici, je suis un visionnaire de la foudre, une lourde goutte qui tombe de la nuée : mais cette foudre s’appelle le Surhumain.
Quand Zarathoustra eut dit ces mots, il considéra de nouveau le peuple et se tut. « Ils se tiennent là, dit-il à son cœur, les voilà qui rient ; ils ne me comprennent point, je ne suis pas la bouche qu’il faut à ces oreilles. Faut-il d’abord leur briser les oreilles, afin qu’ils apprennent à entendre avec les yeux ? Faut-il faire du tapage comme des cymbales et des prédicateurs de carême ? Ou n’ont-ils foi qu’en les bègues ? Ils ont quelque chose dont ils sont fiers. Comment nomment-ils donc ce dont ils sont fiers ? Ils l’appellent civilisation, c’est ce qui les distingue des chevriers. C’est pourquoi ils n’aiment pas à entendre pour eux le mot de « mépris ». Je parlerai donc à leur fierté. Je leur parlerai donc de ce qu’il y a de plus méprisable : c’est le dernier homme. »
Et ainsi Zarathoustra parlait au peuple :
Il est temps que l’homme se détermine son but. Il est temps que l’homme plante le germe de sa plus haute espérance. Son sol est encore assez riche pour cela. Mais ce sol un jour sera pauvre et vide et aucun grand arbre ne pourra plus y croître. Malheur ! Le temps est proche où l’homme ne jettera plus par-dessus les hommes la flèche de son désir, où les cordes de son arc auront désappris de vibrer ! Je vous le dis : il faut encore porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez en vous un chaos. Malheur ! Le temps est proche où l’homme ne mettra plus d’étoile au monde. Malheur ! Les temps sont proches du plus méprisable des hommes, qui ne peut plus se mépriser lui-même. Voici ! Je vous montre le dernier homme.
« Amour ? Création ? Désir ? Étoile ? Qu’est cela ? » — Ainsi demande le dernier homme et il cligne de l’œil. La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le dernier homme, qui rapetisse tout. Sa race est indestructible comme celle du puceron ; le dernier homme vit le plus longtemps.
« Nous avons inventé le bonheur, » — disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil. Ils ont abandonné les contrées où il était dur de vivre : car on a besoin de chaleur. On aime encore son voisin et l’on se frotte à lui : car on a besoin de chaleur. Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché : on s’avance prudemment. Bien fou qui trébuche encore sur les pierres et sur les hommes ! Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables. Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement. On travaille encore, car le travail est une distraction. Mais l’on veille à ce que la distraction ne débilite point. On ne devient plus ni pauvre ni riche : ce sont deux choses trop pénibles. Qui voudrait encore gouverner ? Qui voudrait obéir encore ? Ce sont deux choses trop pénibles. Point de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose, tous sont égaux : qui a d’autres sentiments va de son plein gré dans la maison des fous. « Autrefois tout le monde était fou, » — disent ceux qui sont les plus fins, et ils clignent de l’œil. On est prudent et l’on sait tout ce qui est arrivé : c’est ainsi que l’on peut railler sans fin. On se dispute encore, mais on se réconcilie bientôt — car on ne veut pas se gâter l’estomac. On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais on respecte la santé. « Nous avons inventé le bonheur, » — disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil. —
Ici finit le premier discours de Zarathoustra, celui que l’on appelle aussi le prologue : car en cet endroit il fut interrompu par les cris et la joie de la foule. « Donne-nous ce dernier homme, ô Zarathoustra, — s’écriaient-ils — rends-nous semblables à ces derniers hommes ! Nous te tiendrons quitte du Surhumain ! » Et tout le peuple jubilait et claquait de la langue. Zarathoustra cependant devint triste et dit à son cœur :
« Ils ne me comprennent pas : je ne suis pas la bouche qu’il faut à ces oreilles. Trop longtemps sans doute j’ai vécu dans les montagnes, j’ai trop écouté les ruisseaux et les arbres : je leur parle maintenant comme à des chevriers. Placide est mon âme et lumineuse comme la montagne au matin. Mais ils me tiennent pour un cœur froid et pour un bouffon aux railleries sinistres. Et les voilà qui me regardent et qui rient : et tandis qu’ils rient ils me haïssent encore. Il y a de la glace dans leur rire. »"
Nietzsche compose la symphonie Ermanarich en 1861 à l'âge de 17 ans alors qu'il est élève du Collège royal de Pforta en Thuringe. La symphonie retrace la saga du roi goth du quatrième siècle Ermanarich connu par les historiens pour être un "roi très guerrier". Nietzsche, dans sa jeunesse, était féru d'histoire et de mythologie germanique, et ce que peu de gens savent, c'est qu'il hésita à devenir philologue germaniste. Ermanarich est à ranger parmi les sources du surhomme et confirme le caractère guerrier et non contemplatif de ce dernier.
"La guerre de la médiocrité", prose poétique d'inspiration nietzschéenne de Mike Kasprzak animateur de la revue Cohues link
"Ces armées de fils de pute brûlent des drapeaux dans leur guerre invaincus depuis des milliers d'années se soutenant main dans la main l'égalité sur le cœur leur égalité drapée du sceau de la faiblesse héros des faibles leur plus vaillante alliée un monstre dévoreur d'aigles, de lions solitaires aux ailes encore trop faibles aux racines encore trop ancrées dans la boue purulente et contagieuse de la somme d'inaction de la somme de bêtise de la somme d'attentisme et de misérabilisme de leurs congénères et de leurs aïeux leur guerre d'extermination invisible, universellement humaine, muette suce le peu de noblesse, de courage et de caractère restant à leurs ennemis les fous, les étranges, les anormaux parasitaires, ininfluencables, inactuels, les ennemis des faibles, (de la faiblesse, de la banalité) les ennemis de la médiocrité"
L'homme moderne est un esclave à bien des égards. Le groupe Le Manque en a fait, non sans humour, une chanson intitulée Nietzsche m'a tout piqué. Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra, exhorte les hommes supérieurs à rire et à tuer l'esprit de lourdeur. Rions alors et chantons avec Le Manque, pour mieux tuer en nous le dernier homme et nous libérer de nos servitudes volontaires. Evohé amis !
«– Regardons nous en face. Nous sommes des Hyperboréens, – nous savons bien assez combien nous vivons à l’écart. « Ni par terre, ni par mer tu ne trouveras le chemin qui mène aux Hyperboréens » : cela Pindare le savait déjà de nous. Par-delà le Nord, la glace, la mort – notre vie, notre bonheur… Nous avons découvert le bonheur, nous connaissons le chemin, nous avons trouvé l’issue du labyrinthe du fond de millénaires entiers. »