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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 18:23

Napoléon BonaparteExposition Napoléon et l'Europe du mercredi 27 mars au dimanche 14 juillet 2013 au musée de l'Armée à Paris (link).

 

"Nietzsche n’a jamais caché son admiration pour Napoléon jusqu’à poser en photo la main dans le giron de sa veste à la façon de l’Empereur français. Napoléon incarnait pour Nietzsche l’idéal antique en chair et en os, l’idéal noble en soi, une synthèse d’inhumain et de surhumain (cf. La Généalogie de la morale – Première dissertation §16). Grand lecteur de Plutarque, en particulier Les vies parallèles des hommes illustres, Napoléon Bonaparte aura eu un destin surhumain. De petite noblesse corse, boursier du roi Louis XVI, de formation militaire, brillant mathématicien et tacticien, il saura se hisser grâce à son mérite et sa volonté au sommet de l’Etat et redonner à la France une culture militaire et virile digne de l’antiquité gréco-romaine en instituant un Empire et une nouvelle noblesse fondée sur la guerre et les conquêtes. Napoléon est une figure surhumaine dans la mesure où il est l’expression d’une forte volonté animée par un idéal de grandeur, le tout porté par une énergie créatrice de formes, transfigurant les hommes en guerriers et maréchaux d’Empire. Mais laissons la parole à Nietzsche :

« Notre foi en une virilisation de l’Europe. – C’est à Napoléon (et nullement à la Révolution française qui cherchait la « fraternité » entre les peuples et les universelles effusions fleuries) que nous devons de pouvoir pressentir maintenant une suite de quelques siècles guerriers, qui n’aura pas son égale dans l’histoire, en un mot, d’être entrés dans l’âge classique de la guerre, de la guerre scientifique et en même temps populaire, de la guerre faite en grand (de par les moyens, les talents et la discipline qui y seront employés). Tous les siècles à venir jetteront sur cet âge de perfection un regard plein d’envie et de respect : – car le mouvement national dont sortira cette gloire guerrière n’est que le contre-coup de l’effort de Napoléon et n’existerait pas sans Napoléon. C’est donc à lui que reviendra un jour l’honneur d’avoir refait un monde dans lequel l’homme, le guerrier en Europe, l’emportera, une fois de plus, sur le commerçant et le « philistin » ; peut-être même sur la « femme » cajolée par le christianisme et l’esprit enthousiaste du dix-huitième siècle, plus encore par les « idées modernes ». Napoléon, qui voyait dans les idées modernes et, en général, dans la civilisation, quelque chose comme un ennemi personnel, a prouvé, par cette hostilité, qu’il était un des principaux continuateurs de la Renaissance : il a remis en lumière toute une face du monde antique, peut-être la plus définitive, la face de granit. Et qui sait si, grâce à elle, l’héroïsme antique ne finira pas quelque jour par triompher du mouvement national, s’il ne se fera pas nécessairement l’héritier et le continuateur de Napoléon : – de Napoléon qui voulait, comme on sait, l’Europe Unie pour qu’elle fût la maîtresse du monde. » (in Le Gai savoir §362)."

couverture Nietzsche[1](Source : Nietzsche Hyperboréen ou l'école du surhomme d'Olivier Meyer, éditions du Lore, 2011).

 

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