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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 15:50

Nietzsche187a1Entretien exclusif avec Nietzsche tiré de son livre « Ecce Homo » dans lequel le philosophe a lui-même pris soin de décrypter son oeuvre, ses intentions et son identité en prévision des mésinterprétations possibles à venir. Après un siècle de mystifications, Nietzsche revient pour s’expliquer :


Nietzsche Académie - Pourquoi prenez-vous la parole ?
Friedrich Nietzsche - Parce que la grandeur de ma tâche et la petitesse de mes contemporains ont créé une disproportion qui les a empêchés de m’entendre et même de m’entrevoir. Dans ces conditions j’ai un devoir, celui de dire : Ecoutez-moi, car je suis un tel. Et n’allez surtout pas confondre.

NA - Très bien, alors qui êtes-vous M. Nietzsche ?
FN - Je ne suis nullement, par exemple, un croque-mitaine, un monstre moral, - je suis même, de par nature, à l’antipode du genre d’hommes qu’on a vénérés jusqu’ici comme vertueux. Il me semble, entre nous, que c’est justement ce qui me fait honneur. Je suis un disciple du philosophe Dionysos. J’aimerais mieux à la rigueur être un satyre qu’être un saint.

NA - Quel est votre but ? Améliorer l’humanité ?
FN - « Améliorer » l’humanité serait la dernière des choses que j’irais jamais promettre. Je n’érige pas de nouvelles « idoles ». Les renverser (et j’appelle idole tout idéal), voilà bien plutôt mon affaire. On a dépouillé la réalité de sa valeur, de son sens et de sa véracité en forgeant un monde idéal à coups de mensonges... Le « monde de la vérité » et le « monde de l’apparence »... je les appelle en bon français le monde du mensonge et la réalité...L’idéal n’a cessé de mentir en jetant l’anathème sur la réalité, et l’humanité elle-même, pénétrée de ce mensonge jusqu’aux moelles, s’en est trouvée faussée et falsifiée dans ses plus profonds instincts, elle en est allée jusqu’à adorer les valeurs opposées aux seules qui lui eussent garanti la prospérité, l’avenir, le droit suprême au lendemain.

NA - Quelle est votre philosophie ?
FN - Philosopher, comme je l’ai toujours entendu et pratiqué jusqu’ici, c’est vivre volontairement sur la glace et les cimes, à la recherche de tout ce qui est surprise et problème dans la vie, de tout ce qui, jusqu’à présent, a été tenu au ban par la morale. Combien un esprit supporte-t-il de vérité, combien en ose-t-il ? Voilà le critérium qui m’a servi de plus en plus pour mesurer exactement les valeurs.

NA - Et quelle est cette vérité ?
FN - Tout ce qui s’appelait « Vérité » jusqu’ici a été reconnu pour la forme la plus nuisible, la plus perfide, la plus sournoise du mensonge ; on a soulevé le voile du prétexte sacré, l’ « amélioration » de l’humanité, et on a découvert une ruse pour anémier la vie à mort, pour l’épuiser en lui suçant le sang. Avec la notion de l’homme bon, on a pris parti pour les faibles, les infirmes, les ratés, les gens malades d’eux-mêmes et tout ce qui doit disparaître ! On a contrecarré la loi de la sélection, on a fait un idéal de s’opposer à l’homme fier et bien venu, à l’homme qui dit « oui », qui est sûr du lendemain et qui garantit l’avenir – on a fait de lui le méchant... Et on a cru à tout cela ! Et on l’a appelé morale ! – Ecrasez l’infâme !

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