

Nietzsche Académie
Académie de philosophie nietzschéenne
"- Mes amis, si je suis aujourd'hui en Hindoustan, la terre des Dieux, c'est pour renouer, en pèlerin, avec un héritage plurimillénaire, celui de nos communs ancêtres venus des îles au Nord du Monde. Oui, je suis un pèlerin européen, et non un touriste occidental.
- Bien sûr, dit l'un des étudiants, tu n'as rien d'un touriste... mais tu es tout de même occidental.
- Je suis un Européen, je ne suis pas un Occidental.
- Quelle différence ?
- L'Occidental n'est que le rouage d'un système qui le broie. L'Européen, lui, est l'héritier d'une civilisation trente fois millénaire qui va des fresques de Lascaux à la fusée Ariane, des poignards de bronze aux chasseurs Rafale. L'Européen est le frère de Faust et de Don Quichotte ! Il a été peintre à Altamira, musicien à Versailles; il a chanté l'Odyssée et Beowulf ! Il a acclamé Eschyle et Racine, il a bâti les cathédrales gothiques et les centrales nucléaires ! Sa terre est faite de landes et de forêts, de rivières et de montagnes, toutes bruissantes de fées, de génies et de lutins ! Oui je suis un Européen, mieux un Vieil-Européen ! " (Source : Le Songe d'Empédocle de Christopher Gérard, L'Age d'Homme, 2003).
"Nous sommes en un mot - et que ce soit notre parole d'honneur ! - de bons Européens, les héritiers de l'Europe, les héritiers riches et comblés - mais riches aussi en obligations, héritiers de plusieurs milliers d'années d'esprit européen (...)"
Nietzsche in Le Gai Savoir §377
Dans une lettre à son ami Peter Gast, Nietzsche confiait que son style était une danse. S'il y a bien un marqueur du caractère surhumain de Nietzsche c'est son style. C'est pourquoi Ainsi parlait Zarathoustra est un sommet de littérature et de poésie, à cent mille lieux des ratiocinations des pseudo-philosophes, petits-bourgeois châtrés sans style, déjà morts vivants (Nietzsche traitait Kant de Chinois de Königsberg). Conclusion, dis moi comment tu écris, je te dirai qui tu es. Nietzsche recommandait d'écrire avec son sang car le sang est esprit. C'est la veine dionysiaque, surhumaine que l'on retrouve au mieux dans le style pamphlétaire. (Nietzsche sous-titra La Généalogie de la morale "Un écrit polémique"). La noblesse manie la plume comme l'épée, l'esprit libre est un guerrier. A ce titre là, Céline et ses pamphlets antisem, n'en déplaise aux bienpensants, est royal. (D'ailleurs les Juifs ne s'y trompent pas qui adorent détester Céline et lisent ses pamphlets en cachette, feu notre président Sarkozy n'était pas le dernier). A ce petit jeu, ici comme ailleurs, les apparences sont trompeuses, Alain de Benoist a un nom à particule mais son style illisible est celui d'un bourgeois pédant. Sir Shumule serait aristo, je n'en sais foutre rien et peu m'en chaut, pour paraphraser la devise du duc de Windsor héritée de Guillaume le Conquérant "La valeur seule, pas les ancêtres". Ce qui est sûr c'est que Son Style est aristocratique, et le style c'est l'homme... ce qui fait de lui au final un vrai aristo, né deux fois comme Dionysos, la seconde naissance, celle de l'esprit du sang incarné dans le style. Pour illustrer le propos, on lira avec intérêt le poème ci-dessous intitulé "Pur sang" d'Olivier Meyer tiré du recueil de poésie Aristéas:
"Ecris avec ton sang
Tu verras si je mens
Le sang est esprit
Nietzsche me l’a appris
Sa peau sur le tapis
Le style est à ce prix
Céline me l’a dit
Parole d’ami
Pamphlet avant tout
Poète et fou
Pour un bon mot
Je risque gros
Pour un trait d’esprit
Je me trahis
Pur sang
Jamais ne ment
Bon sang ne saurait mentir
Tout ça pour rire
Sur l’Olympe avec les dieux
Ou le diable encore mieux."
Dans sa chronique "Le Devoir d'Histoire" dans l'hebdomadaire Rivarol du 29 juin, Pierre Vial fait l'éloge de la transmutation de l'homme par la montagne : "La montagne est ce royaume alchimique où certains êtres, grâce à une expériencee qui peut déboucher sur une transmutation, ont rendez-vous avec eux-mêmes. Partir vers les hautes altitudes, c'est se donner la chance de retrouver la pulsion élémentaire de la vie, la force et le goût d'aller toujours plus haut. Vers le soleil." Et de citer en exemple l'écrivain Saint-Loup qui "a su transcrire avec maestria cette expérience unique (...). Tout particulièrement dans Face Nord, récit nietzschéen, initiatique (...)". Et de conclure : "il est vital, au sens propre, pour la jeunesse d'un peuple, de conserver ou de retrouver le goût de la conquête. Et d'abord celle de soi." La Nietzsche académie souscrit entièrement à ces propos et rappelle que l'ambition précisément de Nietzsche était de procéder à une transmutation des valeurs pour redonner à l'homme européen une dimension verticale de grandeur (Lire à ce sujet l'essai Nietzsche Hyperboréen ou l'école du surhomme d'Olivier Meyer aux éditions du Lore). On lira par ailleurs avec intérêt le poème ci-dessous "Morale d'étoile" d'Olivier Meyer tiré du recueil de poésie Aristéas qui fait écho au message nietzschéen de Pierre Vial sur l'éloge de la montagne :
"Comment gravir la montagne
N’y pense pas monte et gagne
Quitte la place du marché
Où règne l’épicier
Rejoins l’aigle dans les cieux
On y respire mieux
Place à la méditation
Loin de l’agitation
Contemple le monde d’en bas
Tous ces conflits de rats
Ne te concernent plus
La grandeur tu as vue
Impossible de redescendre
Sans devenir cendre
Vas ton chemin
Sois l’homme de demain
Pur comme l’Edelweiss
Pas besoin d’Ausweiss
Etoile tu es désormais
Polaire à jamais
Tu ne connais qu’une loi
Brille au sommet du soi."
Le surhomme est en toi
Fais un effort montre le moi
Sois prêt à la guerre
Elle est notre mère
La grande celle de l’esprit
Pour accomplir ton amor fati
L’homme est quelque chose qui doit être surmonté
Qu’as-tu fait pour le dépasser
Transmutation des valeurs
Prépare toi il est l’heure
Du Grand Midi
Ta personnalité accomplie
Deviens celui que tu es
Un homme sans peur ni regrets
Le meilleur nous revient
Le meilleur vin
Les plus fortes pensées
Les plus belles pépées
Le ciel le plus pur
La meilleure nourriture
Je ne suis une loi que pour les miens
Sous-homme passe ton chemin.
(Source : Aristéas d'Olivier Meyer, Casa Cartii de Stiinta, diffusion éditions des Petits Bonheurs dirigées par Jean-Pierre Fleury. Pour toute commande écrire à : jeanpierre.fleury2@gmail.com)
- "Vous avez beau être probablement tous des hommes supérieurs, poursuivit Zarathoustra, vous n'êtes, à mon sens, ni assez grands ni assez forts.
A mon sens, je veux dire relativement à l'exigence inflexible que je tais mais que je ne tairai pas toujours. Et bien que vous soyez des miens, je ne vous considère pas comme mon bras droit.
Car ceux qui, comme vous, s'avancent sur des jambes malades et débiles, qu'ils le sachent ou non, désirent être ménagés.
Or je ne ménage ni mes bras ni mes jambes, je ne ménage point mes guerriers. Comment seriez-vous propres à faire ma guerre?"
(Source : Ainsi parlait Zarathoustra - La salutation.)
"Dans sa tentative de définition du surhomme, Nietzsche procède par ellipses et nous délivre parfois au détour d’une phrase, une clé d’accès à sa compréhension :
« Quand je soufflais à quelqu’un qu’il ferait mieux de s’enquérir d’un César Borgia que d’un Parsifal, il n’en croyait pas ses oreilles. » (in Ecce homo - Pourquoi j’écris de si bons livres §1).
César Borgia plutôt que Parsifal, redoutable aveu qui en dit long sur la nature du surhomme et éloigne de nous tout idéal fantasmagorique d’homme vertueux pour l’incarner. L’historien Jacob Burckhardt appelait César Borgia « le grand criminel ». Il est l’incarnation du Prince de Machiavel, son modèle cité au chapitre Des principautés nouvelles qui s’acquièrent par les forces et fortune d’autrui de son essai Le Prince. Seigneur italien de la Renaissance, fils du pape Alexandre VI, cardinal, duc du Valentinois puis seigneur de Romagne, César Borgia pratiquait l’assassinat politique et la ruse comme mode de gouvernance, sans oublier sa luxure et sa relation présumée incestueuse avec sa soeur Lucrèce. Morale par-delà le bien et le mal, figure d’aristocrate, bête de proie, volonté de puissance, stupre, lucre et sang, voilà les ingrédients du surhomme version César Borgia. Qu’est-ce-à-dire, que faut-il en penser ? Le surhomme est-il un être sans foi ni loi, un ambitieux cynique et amoral ? En fait César Borgia n’est pas un surhomme (ses passions sont faciles, trop humaines, sans noblesse ni création, son aristocratie est bestiale, sans maîtrise et dépassement de soi), il sert juste d’argument dialectique pour Nietzsche afin d’ancrer la figure du surhomme dans le camp antichrétien, par opposition notamment à Parsifal. Nietzsche dessine plus un portrait en creux du surhomme qu’il ne le définit vraiment. C’est pourquoi la référence à César Borgia, provocatrice à souhait, est d’abord destinée à opposer le surhomme à la figure de Parsifal. Sans oublier l’opposition de Nietzsche à Wagner auteur précisément d’un opéra intitulé Parsifal. Parsifal est le chevalier candide, d’aucuns diraient niais, un simple d’esprit en quête du Graal, ce symbole de pureté interprété par les chrétiens comme le calice de la Cène où a bu pour la dernière fois le Christ, une idole chimérique aux vertus rédemptrices. Tout le contraire du surhomme qui est un homme fidèle à la terre, ne cherchant son salut que dans le triomphe de sa volonté, confiant en sa force et son courage, maître de son destin. Alors oui, le surhomme est plus proche de César Borgia que de Parsifal, même s’il n’est pas César Borgia, loin s’en faut. On peut au mieux avancer qu’il existe des points de convergence. Le surhomme est César Borgia plutôt que Parsifal dans la mesure où le surhomme est aussi un aristocrate, une bête de proie, un guerrier qui aime la vie donc les plaisirs de la chair, que sa morale est par-delà le bien et le mal, celle des créateurs ; sa vision de la vie, vitaliste, animée par la volonté de puissance ; sa création, son royaume sur terre, ici et maintenant ; son destin, des victoires et des conquêtes." (Source: Nietzsche Hyperboréen ou l'école du Surhomme d'Olivier Meyer aux éditions du Lore, 2011).
"L'exégèse superficielle a interprété son "surhomme" comme le fruit d'un haut développement biologique de l'être humain et il faut dire que certains passages du Zarathoustra donnent quelques fondements à cette interprétation. Mais dans L'Antéchrist, Nietzsche la dément de façon décidée : " Le problème que je pose n'est pas de savoir quelle espèce succédera, dans l'histoire des êtres, à celle des hommes ( - l'homme est une fin - ), mais de savoir quel type d'homme on doit dresser, on doit vouloir, un homme qui ait une valeur plus haute, qui soit plus digne de vivre, plus sûr de l'avenir. Nous avons déjà connu ce type supérieur, mais seulement en tant qu'exception, par hasard, jamais comme voulu." Ici donc le "surhomme" est bien identique aux "seigneurs de la terre", à cette "bête blonde" dont nous venons d'analyser la morale barbare. Nietzsche dit sans ambages que ce type a toujours existé isolément, et il s'agit de faire prendre conscience à la classe dirigeante de la nécessité de son dressage en série." (Source: "La destruction de la raison. Nietzsche" de Georges Lukàcs, éditions Delga, 2006).